dimanche 13 décembre 2015

1981 Saint-Marin

Samedi 29 août 1981

Avec Caroline (4 ans), Viviane et moi  sommes partis en vacances hier au départ de Strasbourg. Nous avons passé la nuit dans la voiture aux abords d’un champ, suite à une panne.

Aujourd’hui, nous roulons jusque dans les Alpes-Maritimes.
Nous entrons à 16h15 en Principauté de MONACO.

Echue à la famille Grimaldi en 1297, reconnue indépendante par la France en 1512, sous protectorat sarde depuis le traité de Paris en 1815, la Principauté de Monaco acquiert son indépendance définitive le 2 février 1861, par un traité d'union douanière avec la France.
Plus petit état du monde après le Vatican, Monaco est un territoire entièrement urbanisé.

Nous montons à pied sur le Rocher jusqu’au palais princier. Le palais de Monaco est la résidence officielle des princes de Monaco.
On fait le tour du palais.


On se paie même une relève de la garde devant l’entrée principale. Caroline est affublée d’une inamovible paire de lunettes de soleil en plastique bleu (sans les verres !) qu’elle ne quittera pas de tout le voyage.


Nous allons visiter le musée océanographique (que j’avais déjà visité lors d’un retour de vacances le 27 août 1968). Créé en 1910 pour abriter les collections recueillies par le prince Albert de Monaco au cours de ses croisières, c'est le plus fameux des musées océanographiques et le plus visité. Son aquarium attire les foules. 
Sur le Rocher, se trouve aussi la vieille ville de  MONACO et ses plus anciennes demeures Renaissance, ses lacis de vieilles ruelles. Nous nous promenons dans les rues, impeccablement propres. On a l’impression qu’elles ont été lustrées à la peau de chamois !

Quartier le plus célèbre de la principauté, Monte-Carlo est une ville de luxe, cela dû essentiellement à son casino. Quant à nous, ce n’est pas vraiment ce qui nous attire. On se contente de se promener un peu le long du port principal à La Condamine, quartier ancien qui s’est développé autour du port Hercule. On s’arrête à une terrasse de café d’où l’on peut regarder passer les grosses limousines, et où l’on paie fort cher nos consommations. On nous rend la monnaie en francs monégasques, à l’effigie du prince Rainier III.

Nous quittons la principauté et cherchons en France un endroit pour dormir.
A 20h15, nous nous installons pour la nuit près de La Turbie, dans la nature en montagne. Nous dormons tous les trois dans la voiture, une Mazda, avec les sièges arrière rabattus.

Dimanche 30 août 1981


Au matin, petit déjeuner, toilette en plein air, parmi le capharnaüm des sacs et des vêtements épars tout autour sur les rochers. Heureusement il n’y a personne pour nous voir. Caroline a l’air contente. Stoïque, elle supporte bravement le gant de toilette que Viviane s’obstine à lui passer sur la figure.


A 8h30, nous arrivons à La Turbie.
Surplombant la principauté de Monaco à 1150 m, La Turbie est un vaste et superbe balcon suspendu au-dessus de la Méditerranée.
Nous récupérons Jean-Lionel (10 ans) et Alexia (6 ans), les enfants de Viviane, qui sont en vacances avec leurs grands-parents et la famille. Un vrai campement de caravanes, installé sur la place, au centre du village, avec l’autorisation de la municipalité, et cela depuis plusieurs années. Etonnant !
A 10h30, nous quittons La Turbie avec les trois enfants.
Nous roulons jusqu’à Menton pour retrouver Alain, mon filleul, en vacances avec son oncle et sa tante. Nous passons la journée avec eux : on prend le repas dans leur studio, puis on va se baigner ensemble à la mer.
Nous quittons Menton vers 18h30.

Passage en ITALIE  par la frontière de Ventimiglia, là où les Alpes tombent dans la mer.
Nous sommes frappés par le nombre de mobylettes et de scooters dans les rues. Véritable institution, les deux-roues sont rois, se faufilent entre les voitures. A nous d’être prudents !
Longue bande côtière enserrée entre mer et montagne, la région de Ligurie est célèbre pour la douceur de son climat. Hyper touristique, la Riviera italienne va de Menton à Savona. La route (« via Aurelia ») longe la mer, parallèlement à l’autoroute. La circulation est intense.
A 19h, nous atteignons San Remo (célèbre pour quoi, déjà ? ah oui, un rallye automobile…) A l’entrée de la ville, nous nous arrêtons dans un camping, en contrebas de la route et en surplomb de la mer. Nous y passons la nuit : les enfants sous tente et nous dans la voiture.

Lundi 31 août 1981

Sous la guitoune, les filles sont ravies de leur nuit. Jean-Lionel ronchonne contre elles qui l’empêchent de dormir…


Nous quittons le camping à 9h30.
La circulation est pénible. D’agglomération en agglomération, on fait une centaine de kilomètres. Vers midi, Alexia commence à se sentir mal. On s’arrête à une table de pique-nique entre la route et la mer, près de Savona. Pause-repas qui met tout le monde en forme.


Dans l’après-midi, on traverse Genova (Gênes). Premier port d’Italie, bardé d’installations hypermodernes avec une zone industrielle interminable tout autour, la ville ne semble guère attirante au premier abord. Une autoroute urbaine la traverse avec notamment un périphérique surélevé, véritable monstruosité architecturale qui sépare la ville de son port.
Nous poursuivons jusqu’à Sestri Levante, station touristique très fréquentée de la côte ligurienne. De 17h à 18h30, nous faisons halte au bord de la mer pour nous y baigner (une concession faite aux filles !).
A 20h30, nous atteignons Lerici, à 10 km au sud de La Spezia. Nous y trouvons un camping à quelques kilomètres du centre, bien enherbé et presque vide, avec de larges emplacements où nous avons de la place pour la tente.

Mardi 1er septembre 1981

Au matin, les enfants vont émerger l’un après l’autre. Jean-Lionel passe la tête hors de la tente le premier, puis Caroline et enfin Alexia.


















On lève le camp à 10h.
On passe en Toscane, la région la plus connue d’Italie, par ses paysages naturels et son extraordinaire richesse artistique.
Arrivée à Pisa (Pise) à 11h30.
La célébrité de Pise tient à sa tour penchée, le campanile.
La tour de Pise est un des plus célèbres édifices du monde. Cette construction romane fut commencée en 1174. Deux nappes phréatiques trop proches ont imbibé la terre, et l’affaissement du terrain commença après l’élévation du 3ème étage. Les travaux furent suspendus pendant 90 ans. L’affaissement moyen augmente d’un millimètre par an.
Comme tous les touristes, c’est cette tour que l’on va voir d’abord. L’esplanade est bourrée de monde. C’est le royaume des marchands de glaces et de bibelots.


Je grimpe dans la tour avec les deux filles. Viviane et Jean-Lionel préfèrent rester en bas. On peut monter d’étage en étage par un escalier intérieur. Assez impressionnant. Sur la galerie extérieure, il n’y a pas de rambarde de protection. Je tiens les filles par la main.


Les étages supérieurs, à partir du 4ème, sont plus étroits que ceux de la base. L’architecte a voulu compenser l’inclinaison inférieure…
Après la visite de la tour, nous nous attablons tous les cinq à une terrasse de « gelateria » pour y déguster une glace. 
De multiples carrioles à touristes harcèlent le client potentiel. Je m’étais bien promis de ne pas y céder, mais devant l’insistance des enfants… nous voilà en balade dans la ville en calèche.


Pas besoin de réfléchir à ce que l’on voit. Le cocher s’arrête d’office devant ce qu’il est convenu être à voir ! « Photo » dit-il d’un ton péremptoire, sur la piazza dei Cavalieri. Ah bon ! Puisqu’il le dit… Et c’est vrai que le « palazzo dei Cavalieri » est remarquable. Une superbe façade  décorée de sgraffites de Giorgio Vasari, avec un double escalier à balustres et une jolie fontaine. 


Nous quittons Pise dans l’après-midi pour la plage de Marina-di-Pisa, non loin de l’embouchure du fleuve Arno. Il n’y a pas trop de monde. On va tous se baigner. La mer est douce. On a sorti tout l’attirail : bouées, masques, palmes, jouets de plage.     

                                                                               
                                                            

Les filles font des châteaux de sable ou autres constructions éphémères pendant que Viviane s’allonge au soleil. Moi, je prends patience…

                
                     
                        

A 16h30, nous quittons la Méditerranée pour entreprendre la traversée de la péninsule italienne en largeur. C’est ainsi que nous traversons Firenze. Sur les boulevards du centre longeant le fleuve Arno, il nous semble bien que la ville est jolie et que l’on est en train de louper quelque chose. Des fiacres, des immeubles Renaissance, des palais… C’est bien beau mais … on n’a pas que ça à faire !
Il est 20h. Et nous venons de traverser Florence sans le savoir ! Ce ne sera que quelques années plus tard que nous apprendrons par hasard au cours d’une discussion avoir traversé cette ville somptueuse. « Ben oui, c’était pas marqué en français sur la carte ! »
Pour l’heure, nous cherchons un endroit où passer la nuit. Dans les faubourgs à l’est de la ville, au-dessus du village de San Francisco, nous demandons à des villageois dans leur jardin si l’on peut s’arrêter pour la nuit. Après force mimiques et quelques vagues expressions que l’on croit pouvoir être comprises, « tenta… bambini, etc.. », quelqu’un nous ouvre son pré. On peut s’installer là.
On monte rapidement la tente sur un sol fraîchement débroussaillé dont les piquants percent le tapis de sol. Et comme on a faim, nous essayons de faire chauffer des pâtes sur le petit réchaud à gaz portatif. Nous n’y parviendrons jamais. On va manger un infâme ciment peu appétissant. Et puis tout le monde ira se coucher…

Mercredi 2 septembre 1981

Nous quittons le pré à 9h20.
Nous traversons l’Apennin, chaîne dorsale de la péninsule et atteignons Rimini, station balnéaire très bétonnée au bord de la mer Adriatique. La ville ne nous intéresse pas. Nous nous arrêtons à proximité d’un champ de maïs pour pique-niquer au soleil.
A 14h30, sous un portique qui proclame « Bienvenue en terre de liberté », nous pénétrons en République de SAINT-MARIN.

Fondée au IVe siècle, une communauté de chrétiens établie sur le mont Titano s’instaure en commune autonome au XIe siècle. En 1243, la République de Saint-Marin nomme les deux premiers capitaines-régents dont la succession au pouvoir tous les six mois continue encore aujourd’hui.
La plus petite et la plus ancienne république du monde traverse sans encombre les diverses épreuves que connait l’Italie.
Contrairement à Monaco et d’autres petits états, il n’y a pas ici de paradis fiscal.

A 15h, nous arrivons à SAN-MARINO, la capitale, située au flanc du mont Titano.
Nous nous promenons dans la ville ; nous passons devant le palais du gouvernement  et visitons la basilique.
Nous montons au château fort, constitué de deux forts sur les pentes abruptes du piton. Aujourd’hui, -une fois n’est pas coutume- c’est Caroline qui fait la gueule. La fatigue, peut-être…
Nous sommes noyés au milieu des touristes. Foule des grands jours ! C’est demain la fête nationale : le 3 septembre est la date officielle de naissance de la communauté d’origine.


La première cour du « rocca o Guaita », le fort principal, est entourée de remparts. Dans une tourelle du chemin de ronde, une marmite dans une cheminée, avec un scorpion languedocien…  
Nous pénétrons dans le fort, rejoignons le fort La Cesta  puis la tour Montal.
Vue impressionnante sur un paysage à l’écosystème méditerranéen.


On redescend tout doucement vers la ville. Jean-Lionel, flemmard comme d’habitude, n’est guère gêné de se faire transporter sur mes épaules. Ça ne dure pas longtemps, c’est juste pour la photo !


Philatélie pour Serge. A chaque voyage à l’étranger, je lui ramène des timbres locaux. Quant à la monnaie du pays, c’est la lire italienne. Par contre, depuis 1972, Saint-Marin a recommencé à frapper ses propres pièces de monnaie. 
Ça n’a rien à voir, mais il faut savoir qu’actuellement, la république est dirigée par un gouvernement marxiste. Une exception, pour une démocratie occidentale !
Nous rejoignons le parking puis nous effectuons une balade en voiture sur le territoire de la république. Le pays est divisé en neuf communes (castelli) sur une superficie de 61 km².

A 19h, nous allons manger dans une trattoria, en contrebas de la butte. Enfin…les enfants vont manger. On a juste de quoi payer pour eux. Nous n’avons plus assez de lires !
Spaghettis à l’italienne. La dame leur fait une démonstration sur la manière de manger les spaghettis en utilisant la cuillère.
A la sortie de la trattoria, on va s’arrêter un peu plus loin en bord de route… parce que Viviane et moi n’avons rien mangé ! Du pain et du saucisson feront l’affaire.
A 20h30, nous quittons la République de Saint-Marin.
Nous allons rouler toute la nuit à travers l'Italie.
Les enfants sont installés à l’arrière de la Mazda. Ils vont bien dormir, eux.
Rimini, Bologne, Parme…

Jeudi 3 septembre 1981

... Gênes, Vintimille.
On passe la frontière française à 8h.
A 9h, on prend le petit déjeuner à La Turbie.
A 16h, on arrive à Mallemort (Bouches-du-Rhône), chez Gilbert et mes parents.


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